Clap de fin pour le Festival de Cannes …
Tout a commencé le 14 mai avec Le deuxième acte un film de Quentin Dupieux en préliminaire et fini le 24 mai avec l’Amour ouf de Gilles Lellouche.
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Français au début, français à la fin … et international au milieu, nous sommes en France et le Festival sait recevoir ses amis du monde entier.
Une Sélection Officielle faisant office de locomotive pour l’événement Festival, premier né oblige, et qui s’est trouvée progressivement accompagnée par d’autres manifestations, La Semaine de la Critique (1962), La Quinzaine des Cinéastes (1969), Un Certain Regard (1978) , et enfin l’Acid (1992) …
Ainsi, l’événement cannois n’échappe pas à des règles construites dans le temps, la Compétition officielle ouvre le ballet suivie des quatre autres.
Depuis quelques années, ce constat a changé : si l’ordre de présentation reste le même, le Festival n’est plus une manifestation aussi pyramidale qu’avant …
De fait, chacune des manifestations fait preuve de créativité et d’inspiration à la découverte de nouveaux talents : elles se concurrencent mutuellement et s’inspirent réciproquement, avec élégance, certes, mais aussi avec une efficacité reconnue.
D’ailleurs, si certains prix restent du ressort de chaque manifestation, La Semaine de la Critique, La Quinzaine des Cinéastes, Un Certain Regard ou l’Acid, il en est d’autres qui transgressent les frontières et peuvent être attribués à un film issu de toutes sélections confondues, tel le prix de la Caméra d’Or.
Le Festival de Cannes est devenu au fil du temps un événement Cinéma à caractère multimodal.
Il regroupe désormais tout type d’expression filmique, animation, fiction, docufiction, documentaire, film de genre, etc …
Le discours narratif n’est pas en reste, il a évolué dans le temps et présente une diversité essentielle au service du scénario, un élément indispensable au rythme du film choisi par le réalisateur.
Quant aux films eux-même, la palette n’a jamais été aussi large et variée, nous passons de la comédie au drame sans même nous en rendre compte et parfois au sein du même film.
Richesse d’inspiration est l’idée venant à l’esprit, tant au niveau de la forme que du contenu. Chacun copie-colle les techniques qui lui sont nécessaires pour exprimer son ou ses messages.
Festival multimodal, mais aussi matriciel, chaque sélection en compétition semble appartenir à un tout … l’événement cinématographique de Cannes, à la fois découvreur de talents comme au Festival de Locarno ou Sundance, grand public comme à la Berlinale, historique comme à Venise et commercial comme à Toronto et Los Angeles (ces deux festivals étant non compétitifs).
La Quinzaine des Cinéastes n’étant pas compétitive et la Semaine de la Critique l’étant peu (à l’exception d’un grand prix du jury de la critique), c’est au Festival de Cannes et à sa compétition officielle qu’incombe le choix du Palmarès et de son Graal, la très recherchée Palme d’Or.
Comme toute récompense officielle ,elle fait parfois l’enjeu de compromis, rivalités et autres préférences justifiées par la présence d’un grand nombre de films inspirés.
Cette année la Palme s’en est allée à Anora de Sean Baker, une franche comédie, aigre douce, l’épopée d’une Pretty Woman revisitée 2024.
Anora nous partage le vécu d’une jeune travailleuse du sexe, entre réalité et fils d’oligarque russe, New York et Las Vegas, le tout sur un rythme endiablé.
Ce film marque le grand retour du cinéma outre atlantique dans le club Palme d’Or,
la dernière Palme attribuée à un réalisateur américain datant de 2011, avec The Tree of Life de Terrence Mallick.
La concurrence était pourtant vive au sein de la sélection officielle avec des films brillants et résistants, tant sur le plan personnel et politique, ou les deux à la fois.
À l’exception de quelques films dirigés avec maestria et précision, la moyenne de la sélection officielle 2024 apparait élevée, mais pas exceptionnelle pour autant.
La forme l’emporterait elle sur le fond ? Fréquemment oui, mais pas dans tous les cas !
À bien des égards, la sélection officielle montrait son côté “officiel“ … Elle a pu faire penser parfois à une réunion de banquet où un grand nombre de participants invités avait déjà leur ronds de serviette ou leur place réservée, en quelque sorte les habitués du Club des Primés ou des Palmés.
Parmi eux, citons, David Cronenberg avec son film Les Linceuls, Jacques Audiard avec Emilia Perez, Karim Aïnouz avec Motel Destino, Jia Zhang-Ke avec Caught by the Tides, Paolo Sorrentino avec Parthenope, Yorgos Lanthimos avec Kind of Kindness … Tous récompensés lors d’éditions précédentes du Festival, la liste est longue.
Sans oublier le monumental Francis Ford Coppola, venu présenter son dernier film Megalopolis, autoproduit à 100 millions de dollars.
Invité à figurer hors compétition, Coppola a insisté pour figurer en compétition officielle.
Il nous raconte l’histoire d’un homme en dépassement permanent, à la recherche d’une utopie, d’aucuns y voient l’image d’Elon Musk dans le rôle du héros visionnaire … Toute une histoire ! Chapeau l’artiste pour ce baroud d’honneur.
D’autres films se sont distingués par leur esprit de recherche, d’originalité et d’analyse des rapports sociaux et humains dans un monde hanté par son futur, un monde où la prise de conscience et l’esprit de résistance semble plus que jamais à l’ordre du jour.
La Graine du Figuier Sacré de Mohammad Rasoulof, Diamant Brut de Agathe Riedinger, Limonov de Kirill Serebrennikov, L’Histoire de Souleymane de Boris Lojkine, All we Imagine as Light de l’indienne Payal Kapadia sont de ceux là.
Ils nous proposent des voies, celles où femmes et hommes ne sont plus adversaires ou dominateur à la recherche du pouvoir sur l’autre.
La multiplicité des prix, particulièrement élevée dans cette édition, a permis l’élargissement des récompenses et la reconnaissance des différences, source de créativité, de partage et de pouvoir faire.
Marc Lanteri – 7 juin 2024
Festival de Cannes, le Palmarès …
Sélection officielle
Palme d’or : Anora, de Sean Baker
Grand Prix : All We Imagine as Light, de Payal Kapadia
Prix de la mise en scène : Grand Tour, de Miguel Gomes
Prix du jury : Emilia Perez, de Jacques Audiard
Prix spécial du jury pour Les graines du figuier sauvage, de Mohammad Rasoulof
Prix du meilleur scénario : The Substance, de Coralie Fargeat
Prix d’interprétation féminine : Selena Gomez, Karla Sofia Gascon, Zoe Saldaña et Adriana Paz dans Emilia Perez, de Jacques Audiard
Prix d’interprétation masculine : Jesse Plemons dans Kind of Kindness de Yorgos Lanthimos
Palme d’or d’honneur : George Lucas
Caméra d’or : Armand, de Halfdan Ullmann Tondel
Palme d’or du court métrage : L’Homme qui ne se taisait pas, de Nebojsa Slijepcevic.
Un Certain Regard
Grand Prix : Black Dog, de Guan Hu
Prix du jury : L’Histoire de Souleymane, de Boris Lojkine
Mention spéciale : Norah, de Tawfik Alzaidi
Meilleure actrice : Anasuya Sengupta, pour The Shameless, de Konstantin Bojanov
Meilleur acteur : Abou Sangare, pour L’Histoire de Souleymane, de Boris Lojkine
Prix de la meilleure réalisation : Roberto Minervini, pour Les Damnés, et Rungano Nyoni, pour On Becoming a Guinea Fowl, ex aequo.
Prix de la jeunesse : Vingt Dieux, de Louise Courvoisier
Semaine de la Critique
Grand Prix : Simon de la montaña, de Federico Luis
Prix French Touch du jury : Blue Sun Palace de Constance Tsang
Prix Fondation Louis Roederer : Ricardo Teodoro pour Baby de Marcelo Caetano
Prix Fondation Gan à la diffusion : Jour2fête, distributeur français pour Julie Keeps Quiet de Leonardo Van Dijl
Prix SACD : Leonardo Van Dijl et Ruth Becquart, pour Julie Keeps Quiet
Prix Découverte Leitz Cine du court métrage : Montsouris, de Guil Sela
Prix Canal+ du court métrage : Absent, de Cem Demirer
Prix du cinéma positif : La Plus Précieuse des marchandises, de Michel Hazanavicius
Queer Palm
Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, d’Emanuel Parvu
Dog Palm
Kodi, pour le Procès du chien, de Laetitia Dosch
L’Œil d’Or
Ex aequo : Ernest Cole, photographe, de Raoul Peck et Les Filles du Nil, de Nada Riyadh et Ayman El Amir.